Tu n'as pas de coeur

Tu n’as pas de coeur

Auteur : François DAVID

Maison d’édition : Bilboquet-Valbert

Année d’édition : 2008

Prix :

Genre : album de jeunesse

Public : 3 à 6 ans

Résumé :

Tout le monde a un coeur. Les adultes et les enfants. L’artichaut et la laitue aussi.

Tout le monde sauf Paul, qui ne veut pas prêter son ours. Le petit garçon s’apercevra que c’est en partageant que la vie prend toutes ses couleurs.

Avis :

La première chose à relever sont les illustrations. Elles sont MA-GNI-FIQUES ! Les personnages et les éléments principaux sont réalisés en tissu et sont mis en scène sur des décors colorés et coloriés, très enfantins. Ce sont des images très émouvantes, bien que toutes simples. Elles illustrent de plus très bien le texte, rendant cet album très accessible même aux plus petits.

De plus, cet album traite d’un sujet particulièrement difficile pour les petits (et même parfois les plus grands :p). En effet, la petite sœur de Paul aimerait bien qu’il lui prête son ours, mais Paul ne veut pas partager. C’est son ours. Alors ses parents le grondent, et Paul se rend compte qu’il est très mal à l’aise.

Toutefois, j’ai un peu de mal avec la phrase « Tu n’as pas de cœur » que disent les parents du petit garçon. Le petit garçon se sent rabaissé, rejeté. C’est peut-être ce qui lui fait prendre conscience de ce que sa petite sœur peut ressentir lorsqu’il ne lui prête pas son ours, mais ce n’est pas clairement expliqué. En fait, je pense qu’il aurait été préférable de faire prendre conscience au petit garçon qu’il est mieux de partager en lui faisant comprendre pourquoi, plutôt qu’en le faisant se sentir mal et méprisable. Toutefois, c’est visiblement un procédé qui fonctionne dans la tête de Paul, et peut-être peut-il fonctionner avec d’autres enfants. Mais certains enfants, qui se reconnaîtraient dans Paul, pourraient être très touchés par cette phrase « Tu n’as pas de cœur », et verraient diminuer leur estime de soi…

Mais cette première interprétation de la réflexion de Paul n’est peut-être pas non plus la bonne. Paul, en entendant cette phrase, se dit que ce n’est pas possible qu’il n’ait pas de cœur, car tous les êtres vivants ont un cœur, et donc que lui doit en avoir un aussi. C’est pourquoi il souhaite montrer à ses parents qu’ils ont tord en leur prouvant qu’il a un cœur… Mais cette interprétation ne me satisfait pas non plus, car j’ai le sentiment que Paul n’a pas compris l’essentiel. Ce n’est pas parce qu’il veut prouver quelque chose qu’il doit partager. S’il partage, cela doit venir de lui, c’est lui qui doit réellement décider qu’il veut partager pour ne pas faire de peine à sa sœur, ou pour lui faire plaisir, et dans son plaisir à elle, se faire plaisir à lui. Ce n’est pas parce que ses parents, en quelque sorte, le lui demandent. Cette critique n’est que personnel, et d’autres penseront peut-être autre chose que moi, mais il me semblait important de le souligner.

C’est donc un album à prendre avec des pincettes, surtout si on veut l’utiliser suite à un cas où un enfant ne veut pas partager.